A l’effort, le métabolisme énergétique du chien provoque la dissipation de 75% de l’énergie produite sous forme de chaleur car le muscle est comme un moteur qui transforme de l’énergie chimique (les métabolites – l’essence) en énergie mécanique (contraction – entraînement des roues) où le rendement n’est pas de 100% ; le muscle s’échauffe alors.
En compétition comme en entraînement, le chien de sport subit donc l’influence de cette chaleur qui participe à la thermorégulation de l’organisme ou peut provoquer une hyperthermie plus ou moins sévère.
Les facteurs de variation sont essentiellement les conditions climatiques (température ambiante élevée). Les facteurs propres au chien (taille, poids, sexe…) ou à l’effort effectué (intensité de l’exercice, distance et vitesse de course…) n’influent pas directement.
Plus souvent observées dans des régions tempérées (Europe, Sud du Canada…), ces conditions climatiques défavorables se sont exceptionnellement produites pendant l’Open North American Championship, course de sprint de chiens de traîneau à Fairbanks, Alaska, 20-22 mars 1998 : la température extérieure est de 9,5°C à 10h du matin le premier jour, sous un ciel clair et ensoleillé.
Bien que la course soit avancée d’une heure, de nombreux chiens sur les 25 attelages en compétition présentent des symptômes d’hyperthermie.
Elle se manifeste en premier lieu par une baisse de performances et une moindre résistance à la fatigue, ce qui oblige certains mushers à transporter un ou plusieurs chiens dans leur sac à chiens. A l’arrivée, la plupart des animaux contrôlés par les vétérinaires montrent une augmentation de la température rectale (entre 41,5 et 42,8°C), une certaine apathie (les chiens moins affectés essayant de se rouler dans la neige ou d’en manger), des muqueuses hyperhémiées (les gencives et les muqueuses de l’oeil sont injectées de sang), une tachycardie (augmentation de la fréquence cardiaque : 180 à 200 battements par minute) et une tachypnée (augmentation de la fréquence respiratoire de l’ordre de 60 mouvements par minute). Dans les deux cas les plus graves, les chiens présentent un état de choc avec perte de connaissance et une déshydratation de l’ordre de 8%. Emmenés rapidement à l’ombre, ils sont perfusés par du liquide physiologique et reçoivent des corticoïdes par voie intra-veineuse. Les autres sont enfouis dans la neige ou plongés dans de l’eau froide pour atteindre une température rectale inférieure à 41°C.
Une sévère hyperthermie d’effort nécessite en effet un refroidissement rapide et l’immersion dans de l’eau froide présente une diminution deux fois plus rapide de la température rectale que l’exposition seule à l’air ambiant. Les chiens sont ensuite mis à l’ombre et abreuvés régulièrement par de petites quantités d’eau.
Les autres manifestations physiopathologiques de l’hyperthermie regroupent :
- une déshydratation extra-cellulaire et ses conséquences (augmentation de l’hématocrite et des concentrations sanguines, perte de poids…) ;
- une alcalose respiratoire provoquant une chute des électrolytes sanguins et, paradoxalement, une acidose métabolique ;
- une atteinte grave de certains organes : rhabdomyolyse (destruction des cellules musculaires avec douleur des muscles concernés, sang dans les urines, augmentation de la créatine kinase sanguine) et ses conséquences éventuelles (arrêt cardiaque, insuffisance rénale aiguë), atteinte dégénérative des cellules cérébrales…
La prévention se résume comme suit :
- éviter tout exercice par des températures trop élevées ;
- avancer d’une ou plusieurs heures le début des épreuves en compétition ;
- diminuer l’intensité du travail envisagé, la fatigue accumulée pouvant aggraver les symptômes ;
- entraîner les chiens, ce qui freine l’augmentation de la température à l’effort ;
- brosser régulièrement les chiens à fourrure épaisse pour enlever les poils de bourre qui conservent facilement la chaleur ;
- mouiller la peau du chien avant une épreuve ;
- recouvrir les chiens, à robe sombre en particulier qui stocke des quantités de chaleur non négligeables sous l’effet des rayonnements solaires, d’un tissu de couleur clair et humide. En effet, les teintes pâles réfléchissent les rayons solaires et, lors de l’élévation de la température corporelle du chien, l’eau s’évapore et provoque un rafraîchissement de l’air entre le tissu et le pelage.
Tous les chiens de sport peuvent être sujets aux troubles provoqués par l’hyperthermie, surtout en compétition. Il est alors nécessaire de contrôler tous les chiens affaiblis, du fait des risques élevés de syncope.